Arnaud Pirault, l'homme qui vous fait devenir des héros

Publié le par LE VIVAT

We can be heroes, c'est l'évènement de l'été au Vivat : 30 amateurs rockstars rassemblés en un groupe de véritables héros ; 4 représentations, dont durant le foldingue Kortrijk Congé, et trois spectacles à venir (à Tourcoing et Roubaix le 15 septembre et au Vivat le 21 pour les Portes ouvertes, nous en reparlerons). Fondateur du collectif Groupenfonction, Arnaud Pirault est l'homme qui a eu l'idée de ce stimulant projet We can be heroes, aussi excitant pour les participants que pour les spectateurs. Rencontre.

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Quelques mots sur toi?

Je m'appelle Arnaud Pirault. J'ai 36 ans, mais j'en parais beaucoup moins. J'habite à Bruxelles. Je mets en scène des spectacles qui n'ont pas de disciplines, sur les plateaux ou dans l'espace public, avec des acteurs, des danseurs, des chanteurs, peu importe, mais toujours avec des amateurs, amateur au sens propre : ceux qui aiment l'art.

Quelle était ton expérience de la pratique amateure avant de créer Groupenfonction?

De 2007 à 2009, je fus directeur artistique du Théâtre Universitaire de Tours. J'avais été choisi par le service culturel de l'université pour mener 2 créations avec un groupe d'étudiants désireux. Nous avions créé "J'ai tué l'amour", d'après "Barbe-Bleue, espoir des femmes" de Dea Loher, puis "Atteintes à sa vie" de Martin Crimp. Ce furent les deux dernières pièces de théâtre que j'ai montées. J'y reviendrais probablement.

D'ailleurs, pourquoi as-tu appelé la compagnie Groupenfonction ?

Le terme "compagnie" ne me correspondait pas, et j'avais quand même envie de signifier un être-ensemble. L'idée de "monter un groupe" me rappelait le lycée, et j'ai adoré cette période de ma vie. Et puis "en fonction", c'est ce que dans le groupe nous avons en commun : quelques soient nos rôles dans l'organigramme d'un projet, nous avons une fonction commune : la fonction créatrice.

Qu'entends-tu par individuation collective? Où en sont tes recherches à ce sujet?

Le concept d'individuation collective, je l'ai piqué à Bernard Stiegler et il n'y a pas mieux que sa définition : "L¹individuation est le processus par lequel se constituent et ne cessent de se transformer les individus et, avec eux, les sociétés qu¹ils forment - et en cela, l’individuation collective est la façon dont une société fait corps, s’unit." La pièce "We Can Be Heroes" est une première tentative de réaliser ce processus, et je continue à faire des tentatives, notamment avec une pièce qui s'appellera "Pride" et qui sortira au printemps 2014.

Comment t'es venue l'idée de We can be heroes ?

Un soir, tard, seul sur mon canapé, sûrement en train de regarder une bouse à la télévision, mais ce n'est pas ce contexte qui a fabriqué l'idée. L'idée est venue de l'assemblage de tant de choses. L'exercice du playback comme exercice d'interprétation, nous l'avions déjà éprouvé dans une pièce précédente qui s'appelait "Hamlet vs Britney Spears". Et puis le reste, ça vient des performances de Vanessa Beecroft, des ch¦urs antiques ou d'opéra, des chorales associatives, d'un clip de Gondry (contre toute attente), de Thee Silver Mount Zion, etcŠ Je me souviens très bien du moment où l'idée est arrivée, quand tout s'est assemblé en quelques minutes, je voulais le faire tout de suite, j'ai compris ce que voulait dire "avoir une idée". Ça ne m'est pas arrivé depuis. Ce que je sais c'est que si je n'avais pas vu "The Show Must Go On" de Jérôme Bel quelques années auparavant, "We Can Be Heroes" n'existerait probablement pas.

Quelle est la chanson que tu adorerais intégrer dans la playlist de We can be heroes ?

Il y a une chanson qui était dans la playlist en 2008 et qui en est sorti pour incompatibilité d'humeur avec les autres chansons, c'est "Let Down" de Radiohead. Elle fonctionne à merveille dans le carré des Héros. Il n'est pas improbable qu'on la retrouve un jour.

Peux-tu nous parler de ton nouveau projet, Les Garçons Perdus, avec Mustapha Azeroual ?

Je vous présente Mustapha Azeroual ! C'est un photographe plasticien de grand talent. Nous co-écrivons "Les Garçons Perdus", nous sommes vraiment au début, mais on peut dire que c'est une pièce pour une ville et six danseurs. Six mecs poursuivis mais qui n'ont pas de poursuivants. Six hommes qui dansent au risque d'y perdre la vie. Probablement six déserteurs. On voudrait utiliser la ville comme au cinéma ou pour son potentiel cinématographique (les films de Bruno Dumont nous inspirent beaucoup pour ce projet), y créer une tension de probable après-guerre. Pour alimenter notre écriture, on a choisi trois villes qui portent des stigmates de conflits passés, et dans lesquelles on va se rendre en résidence d'écriture cette saison : Beyrouth, Pristina et Charleroi.

Et de celui de Zoé Bennett, Sommes-nous ?, également créé dans le cadre du Groupenfonction ?

Le projet de Zoé, est un projet d'autoportraits d'habitants en quelqu'un d'autre. Elle s'engage dans un travail de co-écritures avec une dizaine d'habitants, sur un territoire choisi. Elle est en train de poser les jalons de son protocole de transmission et de co-écritures. Sommes nous un compositeur, une actrice, une chanson, mon oncle, Dostoïevski. C'est un projet très excitant.

Et enfin : quelques mots sur les dix chansons que tu as choisies et qui accompagneront nos visiteurs sur www.levivat.net ces prochaines semaines ?

1. Breton - Jostle : Une chanson que j'utilise à la fin du spectacle The Playground pour inviter les spectateurs à danser avec nous, ça marche à tous les coups.

2. Boogers - I wanna do it nowBoogers qu'il m'arrive d'inviter en live dans les pièces du Groupenfonction et au Quick d'Orléans.

3. My Brightest Diamond - Reaching through to the other side : Alambiqué et beau.

4. Dan Deacon - USA I-Is a monster : A gorges et corps déployés.

5. Richard Hawley - Lady Solitude : Pour accompagner un excellent islay.

6. Britney Spears - Everytime : Parce qu'elle me rappelle Ophélie (la gonzesse d'Hamlet).

7. Jo Stafford - No other love : Ancestral et beau.

8. PVT - Casual Success : La chanson que j'écoute le plus dans ma voiture.

9. Gablé - Purée hip hop : Pour accompagner une côte à l'os.

10. Belle & Sebastian - A Century of fakers : Il fallait bien une chanson de Belle & Sebastian.

Publié dans Spectacles

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