Sortie de résidence Anne Collod et Sophie Rousseau, jeudi 4 octobre

Publié le par LE VIVAT

Partie immergée de l'action menée au Vivat mais pourtant essentielle, l'accueil d'artistes en résidence prend des formes différentes : aboutissement d'une nouvelle création, mise en chantier ou expérimentation de nouveaux projets.... 

D'une durée de 15 jours, un mois, deux mois, trois ans, ces résidences ont lieu sur le plateau du Vivat ou dans notre Maison des Artistes, située au coeur de l'EPSM Lille-Métropole d'Armentières. Cette saison, huit artistes (dont nos artistes associés) seront accueillis en résidence. Pour découvrir cette partie moins visible de leur travail et vous plonger dans les processus de leurs créations, plusieurs d'entre eux vous invitent à des "sorties de résidence".

 

Après Antoine Defoort et Halory Goerger, c'est au tour d'Anne Collod et de Sophie Rousseau de vous inviter à découvrire les premiers matériaux qui composeront leurs pièces, les premières recherches, les premières tentatives... Dans son studio de danse, Anne Collod vous proposera une installation performée (avec images, ombres et squelettes). Vous retrouverez ensuite Sophie Rousseau autour d'un apéritif - l'occasion d'entendre des extraits de lettres (matériau brut), les premiers passages "en écriture", et quelques minutes de recherche au plateau.

 

Vous pouvez réserver pour cette sortie de résidence du jeudi 4 octobre 19h30 à la Maison des Artistes de l'EPSM Lille Métropole d'Armentières par mail en cliquant ICI

 

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ENTRETIEN AVEC ANNE COLLOD

L’accueil en résidence est une liberté dans les temporalités que l’on n’a pas ailleurs.
C’est un temps de partage, des moments de convivialité avec les collaborateurs artistiques autour d’un projet commun dans une complète immersion. Nous sommes accueillis à la Maison des artistes de l’EPSM ; lieu d’autant plus intéressant et peu anodin par la tension du rapport entre la folie et la mort.
A un moment de mon parcours, je me suis formée à l’écriture du mouvement (notation Laban) qui m’a permis d’interpréter des œuvres chorégraphiques auxquelles je n’aurais jamais eu accès sans ces textes de danse, et d’ouvrir tout un champ de réflexions sur la notion d’interprétation d’une œuvre, sur le rapport au temps et à l’histoire.
Le temps s’est soudain peuplé de personnes, absentes ou disparues, avec lesquelles je menais, nous menions car ce fut au départ l’aventure collective du Quatuor Knust, un dialogue à plusieurs voix qui nous incitait à transformer notre façon de considérer la danse et les relations que le passé et le présent peuvent entretenir. Et je n’ai plus cessé d’alimenter cette conversation, de cultiver les rencontres éblouissantes qu’elle peut susciter, les moments d’incompréhension et de désaccord qui obligent à se déplacer, et de jouer avec des strates complexes de temporalités.
Dans ce prochain projet de création, j’ai souhaité mettre cette relation aux disparus, êtres et œuvres, au cœur du travail ;  façon pour moi de m’interroger sur la place accordée aux morts aujourd’hui, sur leurs différents modes de présence et d’existence.
Comment nous incitent-ils à nous transformer ? Quels liens entretenons-nous avec eux, que faisons nous à cause ou grâce à eux ? C’est pour cela que les représentations des Danses Macabres du Moyen Age m’ont captivée: des morts très animés représentés avec des vivants figés, de toutes conditions, les entrainant en une farandole tout à la fois joyeuse et satirique, bouleversant les ordres et les certitudes, renversant les hiérarchies sociales… Je vais d’ailleurs réactiver une Danse Macabre allemande des années 30, du chorégraphe Sigurd Leeder.
Pour la résidence d’octobre je souhaite adresser ces questions à des gens qui sont dans leur pratique amenés à avoir une relation particulière, parfois complexe, avec des morts : médecin légiste, urgentiste, juriste, thanatopracteur, prêtre... La “Chambre d’échos” recueillera des témoignages et des histoires de différents professionnels que je souhaite rencontrer lors de cette résidence à Armentières, et qui serviront à l’élaboration de duos travaillant sur l’animé et l’inanimé, l’actif et le passif  pour la création de 2014. Qui est le mort, qui est le vivant ? Qui entraine qui ? Je suis curieuse de voir ce que vont amener ces témoignages !
Cela va vraiment commencer à Armentières.

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ENTRETIEN AVEC SOPHIE ROUSSEAU

En fait ça fait longtemps que j’ai envie de faire un spectacle sur  ce qui est vraiment important dans la vie, sur ce qui fait que ça vaut le coup...

Pour le Vivat, c’est une première approche et découverte de ma création qui aura lieu dans un an. Il offre un lieu et du temps de travail sans obligation de résultat immédiat. C’est rare d’avoir le temps de chercher. Ca permet de tester des hypothèses de travail, de ne pas aller vers la facilité dans les choix de mise en scène comme dans la distribution et de risquer d’emmener les interprètes vers d’autres disciplines que la leur. Pour le plateau, c’est hyper riche. J’ai la liberté du type de restitution à l’issue de la résidence. La qualité du  rapport au public sera dans la richesse d’écoute et de retour qui est différente en résidence.

 

Pourquoi avoir choisi comme point de départ de réaliser des interviews entre des personnes âgées et des jeunes ?

 

Ce qui m’émeut chez les personnes âgées, c’est qu’elles portent en elles l’expérience d’une vie et la proximité de sa fin. Les jeunes sont au début. L’échange avec les personnes âgées les a amenées à des choses auxquelles ils n’avaient pas pensé ou qu’ils n’auraient pas osé demander et a permis de mettre au centre ce qui est essentiel : la nécessité de penser la mort et le fait que ça fait envisager la vie autrement. Dans notre société, tout est fait pour que l’on n’y pense pas.
Je vais travailler cette matière avec Antoine Lemaire. En partant de l’échange qui a eu lieu, Antoine va écrire une fiction qui restitue sensiblement cette expérience. Le but est de faire théâtre, d’être dans une restitution poétique de tout ça. J’aimerai que le spectacle permette à chacun de se poser la question sur ce qui est essentiel dans la vie.

Le théâtre n’est pas le lieu de la révolution ; mais il y a une chose qui fonctionne au théâtre : c’est que l’humain est au centre et s’il y a un endroit de résistance en fait, c’est de remettre l’humain au cœur de ce système.

 

Propos recueillis par Pascale Logié (septembre 2012)

 

Publié dans En résidence

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